Processus standardisé

La façon de travailler est codifiée dans un processus standardisé afin que le travailleur exécute ses tâches sans se poser de question.

Perte de temps dans les procédures pour une simple demande

La bureaucratie désigne un système d’organisation fondé sur les règles, les procédures et la hiérarchie, qui finit par privilégier la conformité au détriment de la finalité collective.

→ Max Weber, Économie et société (1922) : la bureaucratie est “l’expression la plus rationnelle de la domination légale”, mais elle peut engendrer une “cage d’acier” où les individus perdent leur liberté d’action.

“L’homme est devenu le serviteur de la machine bureaucratique qu’il a lui-même créée.”

Pratiques / outils associés :

  • Multiplication des procédures et validations
  • Rituels administratifs sans valeur ajoutée
  • Gouvernance centrée sur les risques et non sur l’apprentissage
  • Culture du reporting, contrôle du contrôle
  • Processus RH ou qualité déconnectés du terrain

On ne sait pas à quoi sert le travail qu’on fait

ni quelle est sa place dans le processus plus large

L'organisation du travail fondée sur la fragmentation, où chacun n’exécute qu’une partie du processus sans comprendre ni maîtriser la finalité globale.

→ Karl Marx, Manuscrits de 1844 : l’ouvrier est aliéné quand il ne se reconnaît plus dans le produit de son travail.

“Le travail est extérieur à l’ouvrier… il ne s’y affirme pas, mais se nie.”

→ Adam Smith, La richesse des nations (1776) : la division du travail augmente la productivité… mais aussi la dépendance et la perte de vision d’ensemble.

Pratiques / outils associés :

  • Taylorisme, Lean mal compris (“sur-optimisation locale”)
  • Découpage fonctionnel en silos
  • Micro-management, pilotage à la tâche
  • KPIs purement opérationnels
  • Outsourcing fragmenté (chaînes de sous-traitance)

Outils de travail surdimensionnés imposés à l’équipe

Accumuler ou imposer des outils complexes, coûteux ou inadaptés qui rigidifient les pratiques au lieu de les soutenir.

→ Jacques Ellul, “Le système technicien” (1977) : la technique finit par s’auto-justifier, indépendamment de ses finalités humaines.

“La technique se développe selon sa propre logique, sans égard pour l’homme ni pour la société.”

Pratiques / outils associés :

  • Sur-outillage (multiplication d’outils SaaS)
  • Outils imposés par la DSI sans co-construction
  • Gouvernance technocentrée / pilotage par la donnée excessive
  • Culture du “process first, people later”
  • Déploiement ERP/CRM sans appropriation terrain

Perte d’initiative pour les situations non standard

Quand les processus deviennent des fins en soi, figés, conçus pour prévenir toute erreur plutôt que pour favoriser l’apprentissage ou l’adaptation.

→ Michel Crozier, Le phénomène bureaucratique (1963) : plus les règles s’accumulent, plus l’organisation se paralyse et produit des “cercles vicieux bureaucratiques”.

“Le pouvoir naît des zones d’incertitude que les règles ne parviennent pas à couvrir.”

Pratiques / outils associés :

  • Normalisation excessive (ISO, ITIL, qualité formelle déconnectée du terrain)
  • Processus “waterfall” verrouillés
  • Culture du “zéro défaut” punitive
  • Contrôle de conformité plutôt que pilotage par la valeur
  • Gouvernance projet administrative

On applique ce qu’on croit être des bonnes pratiques sans maîtriser les conséquences

Solution expéditive : sous prétexte de (faux) pragmatisme on privilégie l’efficacité à court terme.